LE VAISSEAU FANTÖME

Publié le par ordino

Le vaisseau fantôme.
Nous étions « chez chergui », par un soir d’hiver où la lumière cédait place rapidement aux ombres mystérieuses, où le brouillard humide semble si lourd qu’on avait du mal à avancer.
Je marchais prudemment en regardant derrière moi. On ne sait jamais ce qu’on peut rencontre un soir de smog à Mexico.
Quand je suis rentré dans la taverne, il y avait ces diables de camarades du whisky qui, m’attendaient.
- c’est étrange dit Carlos.
- qu’est qui t’ennuie répondit Sanchez.
- là dehors, le brouillard. Il est bien hermétique ce soir, il doit cacher des horribles secrets dans ses volutes.
 - T'inquiète pas il va tomber du ciel une pluie de pieuvres de crabes de serpents, et d’araignées géantes.
- Arrête. Dis-je.
C’était cet imbécile de Garcia qui n’en ratait pas une pour placer ses horribles descriptions. Et encore heureux que nous n’eûmes pas droit à sa vison apocalyptique de la fin de notre pauvre planète.
- tiens bois ce whisky fort honorable. On est bien « chez Chergui ».
- tiens, personne ne prend le chemin de la fin ce soir.
- la petite fille au fond.
- celle-là n’est jamais du voyage, un marin à sauver son âme avec cent livres que le destin lui avait remis.
- Sanchez dit qu’il a vu la même fille à Casablanca, à Lisbonne et a Londres.
- c’est un menteur, il n’a jamais quitter Mexico.
- Ah si j’avais une fille comme elle, je l’aimerai plus que la mer.
- plus que la mer nous écriâmes nous en un unique sanglot qui déchira le voile de l’air embrumé par la fumée.
Nous n’aurons jamais d’enfant tel est notre cruel destin. La mer engloutit notre vie et nos espérances. Nous n’aurons ni famille ni femmes ni enfants. Oh misère.
Un silence sombre nous consumait le cœur d’une vilaine tristesse. Je crois que j’ai du apercevoir une discrète larme dans le coin des yeux de mes compagnons.
Nous n’aurons jamais de famille, ni aucun espoir à caresser.
            ***
- Vous entendez ses cloches. C’est le vaisseau fantômes.
- Le vaisseau fantôme qui cherche sa proie. Il l’a trouve toujours.
- toujours, nous écriâmes nous en cœur.
Le vaisseau fantôme je n’ai jamais oublié.
            ***
Le ciel était d’encre et le brouillard épais à couper au couteau. Les exhalaisons de la mer étaient enivrantes. Nous étions dans le grand large en plein désert d’océan, sur le grand pont du Santa Maria, un vieux rafiot pourri, dont on disait qu’il allait couler à chaque départ mais qui réalisait ce miracle de toujours s revenir entier au port.
Il y avait Sanchez et Garcia qui venait encore de nous donner une humeur morose avec ses stupides description. C’était un bon prétexte pour vider une bouteille de whisky fort honorable.
- pourquoi dit Sanchez, minuit est l’heure propice pour les fantômes.
Garcia allait encore nous servir une de ses épouvantables images, lorsque du fond de l’océan une voix, nous parvint.
- « au secours » hurlait la voix qui semblait porter toute la terreur du monde.
- Il est minuit prononça Garcia en se signant et en récitant des prières. Minuit l‘heure des fantômes.
Nous restâmes à l’affût de la nuit, le coeur en alerte battant la chamade.
Garcia se perdait dans ses prières.
- « au secours » recommença la voix qui devenait plus proche.
Nous éclairâmes la houle obscure et nous vîmes un homme accroché à un bout d’épave.
Un homme à la mer. Nous lui envoyâmes une bouée à laquelle il s’accrocha comme un damné à la lumière.
Nous le hissâmes abord. Il avait l’air effrayé comme si il redoutait une présence invisible et tremblait de tout son corps.
- Merci mes amis nous dit-t-il d'une voix angoissée.
- Tenez mon brave prenez une goutte de ce whisky il est fort honorable. Et maintenant si vous nous disiez ce qui vous est arrivé.
- un naufrage nous répondit-il d’une voix pas tes convaincantes.
- un naufrage et où sont passé les autres.
- morts tous morts je suis le seul survivant.
- je te reconnais lui dit Garcia tu es un naufrageur. Tu mérites la potence.
- ce qui me poursuit et pire que la potence.
- et c’est quoi ?. lui dis-je.
- le vaisseau fantôme. Cachez moi je vous en supplie.
- on n’échappe jamais au vaisseau fantôme, vous le savez.
- cachez moi au fond de la cale il ne retrouvera pas.
L’homme se leva et avec une agilité soudainement retrouvée s’enfuit vers la cale.
            ***
Deux heures venaient de s’écouler depuis que notre singulier passager était à notre bord.
Nous trompions notre peur dans les verres de whisky.
Subitement du fond du brouillard, des sons de cloches nous parvenaient.
- Le vaisseau fantôme dit Garcia, l’affolement le rendant bafouillant et gesticulant comme un singe.
- le bateau fantôme.
Nous nous réfugiâmes au fond du pont derrière les grandes cordes.
Comme sorti du néant, un bateau majestueux avançait droit sur nous. Ses cloches tintaient sans répit. Il réclamait son dû.
Il nous fonçait dessus, comme un bélier contre une porte, et notre navire tremblait comme un fétu de paille.
Il revenait à la charge. L’homme qui s’était réfugié dans la cale, semblait comme happé par un appel mystérieux. Quand il fut sur le pont, le bateau fantôme s’empara de lui par des forces invisibles et nous le vîmes disparaître dans les entrailles du navire. Mais pendant quelques instants, nous eûmes une vision horrible. Sur le pont du vaisseau fantôme, des dizaines de cadavres agrippèrent le corps du malheureux qui poussa des cris de damnés.
- ce sont les marins qu’il a fait noyer conclut Sanchez c’est une juste punition.
- c’est une juste punition répriment nous à l’unisson.
Nos paroles s’en furent comme un sanglot vers le ciel où les étoiles nous fixaient de leur éternelles regard scrutateur


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